Groupes de niveaux

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Dans ce "long" dossier sur les groupes de niveau, comme dans tout débat, les collègues réagissent souvent aux dires d'un autre collègue. Pour raison de clarté, les citations sont écrites sous la forme de ce paragraphe.
Si vous désirez imprimer, la présentation sur papier respectera ces "citations" mais l'ensemble sera écrit plus petit et les espaces et marges seront réduits.

22 juin 2005

Bonjour,

Je souhaiterais vous rapporter la conversation que j'ai eue avec la principale de mon collège ce soir.

Nous avons un problème pour la classe de 4ème LV2. En effet depuis 2 ans nous avons une classe bilangue anglais-allemand, créée, soyons clairs, pour sauver le poste de la collègue d'allemand. Du coup il ne reste que très peu d'élèves faisant allemand LV1 et anglais LV2 en 4ème. Plus précisément 5 pour l'an prochain. La principale m'a fait part de l'impossibilité d'ouvrir un groupe pour 5 élèves.

Dans le même temps, d'après elle, les langues en collège sont amenées à fonctionner par groupes de niveau et non plus par classe.

Donc, elle compte mettre les 5 élèves de 4ème LV2, débutants, avec des 6èmes, débutants eux aussi!

Je vous laisse imaginer ma réaction. Je lui ai dit qu'il s'agissait d'élèves très différents et donc qu'on ne faisait pas la même chose dans ces 2 classes, elle m'a répondu qu'il nous faudrait trouver des activités qui intéresseraient les deux. Je lui ai dit que le rythme d'apprentissage n'avait rien à voir. Elle m'a répondu qu'elle ferait un groupe avec d'excellents élèves de 6ème, comme ça ils avanceraient plus vite! Etc, etc. Bref, un dialogue de sourds.

Qu'en pensez-vous ? Certains d'entre vous se sont-ils déjà retrouvés dans la même situation?

Dom


L'organisation de l'enseignement des LV par groupes de niveau semble avancer à grands pas, tout droit sortie des orientations de Lisbonne.

Il me semble qu'elle présente plusieurs dangers (outre l'énorme surcharge de travail pour les profs)

Cela revient à considérer l'apprentissage des LV comme l'empilement de compétences

Cela casse la notion de groupe (groupe classe ou pas) où peuvent se créer une dynamique et une ambiance favorables à l'audace et aux prises de parole

Dans les établissements où les élèves ont particulièrement besoin de repères, ce jeu de chaises musicales ne les aidera pas beaucoup.

On favorise la ségrégation et la relégation.

Et cela peut créer des mélanges détonants comme c'est le cas au collège en question, faisant fi de toute psychologie. On atteint des sommets!

Question subsidiaire: comment la principale détectera -t-elle les futurs bons élèves en anglais? Et si elle le fait, bonjour les autres groupes!

Peut-être faut-il en appeler aux parents qui seront sans doute ravis d'apprendre que leurs petits 6ème seront mélangés avec 5 ados ou pré ados en début de crise. Une telle info peut permettre d'alléger les effectifs du collège si vous avez des classes surchargées!

Claude


bonjour,

j'ai été estomaquée par cette idée de mettre ensemble des élèves de 4è et des élèves de 6ès, bien sûr.

Je n'ai pas encore eu (pris ...) le temps de réfléchir à cette idée de regrouper les apprenants selon les "niveaux" (les guillemets pour éviter confusion avec sens habituel(s) de ce mot ...) du CECR -

mais ma 1ère évocation, vision, fut horizontale (càd barrette sur un niveau donné, ou seulement un demi-niveau, si cela représente 3 classes, par ex, pour ne pas bloquer tous les EdT - niveau ici ds le sens de "niveau de classe", soit l'ensemble des divisions de 6è par ex) - et non verticale (càd trans-"niveaux de classe"), en tout cas en collège, justement pour les raisons indiquées par Dominique et Claude.

La 1ère question qui m'est venue ensuite à l'esprit, c'est comment faire, car il n'est pas certain, a priori, que les élèves aient le même "niveau" au sens CECR) dans les 5 types de compétences définies par le CECR ... du coup j'imaginerais plus naturellement des regroupements de type "groupes de besoins"(horizontaux donc) que "groupes de niveaux", mais cela supposerait, semble-t-il, que l'on doive travailler un seul type de compétence à la fois (? ou peut-être 2, qui sont plus naturellement liées ... ?), ce qui me paraît gênant, car n'avons -nous pas pour habitude de les travailler tous, sinon simultanément, au moins en enchaînement ?

Il serait dommageable, et donc dommage, pour ne pas dire catastrophique, que cela devienne / fournisse un prétexte à une gestion purement comptable. Elèves, profs, comme toute personne humaine au travail, ne sont pas des pions que l'on peut déplacer à son gré sur un plateau de jeu ... de société, justement.

Bon courage,

Jeanny


y en t il parmi vous qui "expérimente" à la rentrée de septembre la nouvelle organisation en niveaux de compétences ?

il me semble en effet que outre l'aspect pédagogique ( qui concerne les enseignants et qui est déjà en débat sur la liste ) il y a aussi un aspect administratif qui fait dire à mon chef d'établissement que "cela parait difficile a mettre en oeuvre sur le terrain" !

la question que je me pose est de savoir comment les groupes de "niveaux" vont être constitués et par qui ? et puis comment vont se faire les passages d'un groupe à l'autre ? à qui est laissée l'initiative ? et comment va t on gérer des groupes constitués d'un nb fluctuant d'élèves ? cela implique t il que tous les collègues d'anglais seront en barrettes pour tous les niveaux ( de la 6eme à la 3eme )

et que deviennent les classes Euro et Bilangues ds tout ça?

si vous avez qq éléments de réponses merci de m'en ( de nous ) en faire part! bonne journée

Valerie


Pour avoir pratiqué durant des années le travail en groupes de niveau - je dis bien de niveaux - je me permets de faire quelques remarques. 1. C'est jouable, si l'on y met le prix

a) en faisant des sacrifices dans l'élaboration des emplois du temps, qui deviennent de vrais carcans, pour les enseignants de langues, ET pour l'Administration

b) en disposant de grilles horaires suffisamment étendues dans la journée, et éventuellement, dans la semaine, pour pouvoir gérer les salles de classes; car travailler en barrettes signifie qu'à la même heure plusieurs salles sont occupées par les langues concernées. Imaginez ce que cela donne dans un Lycée où il y a 9 classes de Seconde en LV1 (+ 1 ou 2 si vous y adjoignez les ci-devant LV2 - ce qui, aussi, est jouable)

2. C'est jouable, si l'on en comprend les avantages. Pour nous c'était la seule solution, tant les niveaux étaient différenciés dès l'arrivée des élèves dans l' Etablissement, et plus encore après quelques années de nos efforts. Dans ce cas de figure - mais on peut extrapoler avec des groupes moins différenciés - on peut faire du "rattrapage jusqu'en Terminale, et les élèves qui auraient été noyés dans des classes non-différenciées peuvent être traités peu ou prou au niveau où ils en sont, avec des résultats plus qu'honorables au Baccalauréat. Quant aux élèves sortis d'affaire ils peuvent bénéficier pour les meilleurs d'un enseignement plus stimulant, pouvant sortir bien au-delà des simples exigences de l'enseignement français (Examens de Cambridge, initiation réelle à la Littérature, que sais-je encore...). Ceux dont le niveau reste dans les normes ne sont pas pénalisés. La gestion des groupes, disons le mot..... "faibles", peut représenter un défi car ces groupes ne doivent pas se transformer en classes poubelles, en ghettos ou en dépotoirs. Il faut leur prouver qu'on peut s'en sortir, et en sortir. Ce n'est pas donné à tous les enseignants, il faut le reconnaître, mais il en est qui ont ce charisme...

3. C'est jouable en y consacrant du temps et de la méthode. Pour ce qui de la méthode le premier point est que cela exige de travailler en coordination avec les collègues

a) au moment de la répartition initiale des élèves (ceci dépasse largement le domaine de l'Administration; dans notre cas, une fois la grille de base discutée - en Juin - et distribuée - en Juillet - nous nous répartissions les niveaux et les Sections et présentions le résultat à l' Administration - pour l'emploi du temps en Juillet, pour les listes d'élèves une semaine après la rentrée). Cette répartition exige que l'on se mette d'accord sur la finalité des groupes, leur complémentarité - car c'est l'ensemble de la population de chaque niveau que l'on doit faire progresser - et les modalités de passage d'un groupe à l'autre dépendent de cet accord préalable. La chose est simple comme tout dans un Lycée où l'on entre en Seconde. Il suffit de consacrer, dès le jour de la Rentrée, deux heures de tests, évaluations, etc. passés par tous les élèves de Seconde en même temps. On entre les résultats dans l'ordinateur, et on coupe en rondelles. En fait c'est un peu plus complexe, car il faut se mettre d'accord sur les barèmes (chaque enseignant ayant fourni une partie de ces différents tests), et éventuellement aménager le placement des élèves déjà répertoriés qui sont, suite à l'évaluation commune, à cheval entre deux niveaux

b) aux moments qui ont été définis pour - éventuellement - changer de groupes. La pression des parents peut être très forte "pour faire monter le petit avec Madame Unetelle qui le connaissait en Sixième"... La question n'est pas là. Il faut maintenir le cap, effectuer des "échanges-standard", éventuellement à tout moment de l'année pour tel ou tel, car le nombre d'élèves dans chaque groupe doit être soigneusement contrôlé. Non pour faire plaisir à l'Administration, qui dans tout ce processus est totalement hors circuit: c'est nous qui gérons le pool d'élèves, pour le bien de tous. Si les choses tournent correctement, si le jugement initial est correct, une réflexion sur les groupes au milieu de l'année peut suffire, sinon on ne maîtrise plus rien (car il faut tenir compte de la dynamique des groupes, avec des élèves qui parfois ne se voient que durant ces heures de langues). Mais je n'ai pas de philosophie à ce sujet, simplement des réticences pratiques. A l'entrée en Sixième la situation est semblable: il est facile de tester qui a fait de l'anglais, qui en a fait jusqu'à quel point, et qui n'en a pas fait. Un test écrit d'une demi-heure et éventuellement un oral bref de 10 mn. suffisent. Il m'est arrivé de me contenter de l'oral quand le candidat avait quelque chose à dire.

Quant aux autres Sections, lorsque le système est en marche c'est l'opinion du professeur qui est déterminante en fin d'année - donc en début de l'année scolaire suivante - pour les élèves connus, pour les autres c'un test d'une heure, élaboré par l'un ou l'autre avec l'accord de ses collègues, qui fait foi. Ceci se passant dès la première heure de cours de l'année.

J'avais pour habitude de mettre en face de chaque nom en fin d'année +++, ++, + ou -, --, --- (si l'on met les notes sur ordinateur il est facile d'effectuer des classements en fonction des critères que l'on a choisis)

Pour ce qui est du temps à y consacrer, après ce que je viens d'énoncer, inutile de faire un dessin...

4. C'est jouable à condition de sortir des sentiers battus. Ce qui signifie qu'au fur et à mesure qu'un regroupement d'élèves évolue et se singularise (je parle d'une scolarité allant de la Sixième à la Terminale dans le même établissement) les besoins du noyau dur du regroupement se précisent et se différencient, et le même manuel risque de ne pas être utilisable dans chacun des groupes mis en parallèle ( c'est évident en Seconde où l'on fait ici du rattrapage, et là de la pré-préparation au Bac. , alors qu'ailleurs on suit le cursus). Quid des glissements de groupe à groupe ? A étudier à l'avance pour ne pas multiplier les manuels. Réfléchir aussi au nombre de glissements dans l'année qui risquent de perturber l'élève

5. J'ai tout au long de cette réflexion parlé de "groupes de niveaux". Monsieur MONNANTEUIL avait critiqué ce mode de fonctionnement, il aurait préféré des groupes de finalités, ce qui correspond sans doute à vos actuels groupes de compétences. Si l'on prend en compte le Cadre Européen qui fait couler beaucoup d'encre on peut sans doute établir des échelles de niveaux qui y correspondent. Mais à trop finasser on mélange les données. Les groupes doivent fonctionner et acquérir leur dynamique propre quelle que soit la façon dont ils ont été constitués. En tous cas je suis de ceux qui les défendent pour les avoir pratiqués, et je me sens mal à l'aise lorsque sont émises certaines critiques.

Dernier point que j'ai omis de mentionner, ,les élèves étant répartis par niveaux on va se trouver, au moins en Terminales, avec des regroupements d'élèves qui présentent des Bacs différents, et qui ne sont pas tous mangés à la même sauce; il faut le savoir.

Daniel


23 juin 2005

6.(suite de mon développement)

Il me semble évident que, quelle que soit le cadre dans lequel on fonctionne seuls les enseignants en contact avec les élèves d'une Section donnée

Sixième, Quatrième, Terminale…..) sont en mesure de déterminer dans quel groupe les élèves du pool vont être placés.

Se pose alors un problème de crédibilité.

  1. crédibilité par rapport à l'Administration qui "abdique certaines de ses prérogatives" (illusoires) puisqu'elle ne constitue plus ces regroupements par classe. Les enseignants doivent donc s'organiser de façon à s'autogérer et à communiquer de façon univoque avec l'Administration. D'où la nécessité d'un coordinateur b-é-n-é-v-o-l-e, accepté par ses pairs (qui l'ont choisi) et par la hiérarchie locale, puisqu'il sera l'interface entre les profs. et cette hiérarchie ( Principal/Proviseur Adjoint/Proviseur ). Si chacun y met son grain de sel individuellement et prétend régler à titre personnel des problèmes d'organisation (je ne parle pas des questions relatives à la scolarité ou au comportement de certains élèves)tout le système par en quenouille et les enseignants d'anglais perdent la maîtrise de leur gestion collective
  2. crédibilité par rapport aux parents qu'il convient de convaincre que tous les problèmes relatifs à l'anglais se règlent avant tout avec les professeurs d'anglais concernés. Sinon les Proviseurs Adjoints et autres Principaux ne sont que trop ravis de mettre leur nez dans une structure qui leur échappe. Il est par conséquent nécessaire d'être limpides entre nous et par rapport à l'extérieur ("Pourquoi avez-vous mis dans un groupe du même niveau que l'an dernier mon petit Charly qui vient de passer 2 mois d'été chez sa tante à Los Angeles?")
  3. crédibilité vis-à-vis des élèves pris individuellement au sein d'un groupe donné. Pour ma part j'ai toujours veillé à ce qu'un élève qui va changer de groupe en cours d'année(soit pour des raisons d'équilibre numérique des groupes, soit pour des raisons pédagogiques –erreur de placement/placement correct au plan strictement linguistique, mais inaptitude de l'élève à utiliser ses compétences au niveau ou au rythme, culturel, littéraire…du groupe/élève sous-stimulé/gestion d'éléments perturbateurs/……………)soit informé de façon précise de son profil exact et de son positionnement au sein du groupe, ceci pour éviter toute contestation immédiate ou ultérieure, tout soupçon de favoritisme ou de rejet. Car il faut savoir que les groupes dits "forts" sont très convoités – question de statut !(ce qui n'empêche pas qu'un collègue femme ait pu à l'occasion me confier un élève en me disant: "il ne me prend pas au sérieux parce que je suis une femme, toi tu as des chances de t'en tirer un peu mieux, parce que tu es un homme"/ou inversement. Ce qui relativise parfois, ponctuellement, la notion de "niveau", sans la bouleverser totalement)
  4. crédibilité sur les bulletins scolaires et les appréciations de fin d'année, et plus spécifiquement celles qui sont destinées aux Candidats aux Classes Préparatoires et autres Etablissements Sélectifs. Dans ces eux derniers cas les choses sont relativement simples car il y a des statistiques, des moyennes, et l'on peut préciser: "Elève convenable dans un groupe d'excellent niveau" pour justifier le 11/20. Et à celui qui a 10/20 on peut noter:"Excellent profil pour la filière, élève intelligent". Les candidats issus des groupes les plus "faibles" sont presque automatiquement sur-notés (même par de grands méchants loups comme moi) parce qu'il ne faut pas casser la dynamique du groupe. Il est possible que les choses soient plus claires encore lorsqu'on fonctionne à l'intérieur du Cadre Européen – que je n'ai pas expérimenté en tant qu'enseignant. A l'Institut Cervantes, en espagnol, on conseille aux "élèves" adultes de se perfectionner en suivant un cours de Conversation / ou de refaire le même niveau l'année suivante, si l'on ne passe pas automatiquement au niveau supérieur………
  5. crédibilité devant le Conseil de Classe. Là encore on se trouve dans une situation qui échappe au cadre institutionnel classique. Il n'existe plus de "norme" (le niveau de la Quatrième, de la Première…..., sauf au moment du Bac. où des Bac. blancs bien calibrés permettent de situer le candidat, en dehors des évaluations courantes propres au groupe d'appartenance).

Mais d'une manière générale, dans une structure Groupe A/Gr. B/C/D/E que signifie un 10/20 en Groupe A = très fort par rapport au même 10/20 en groupe D = plutôt faible, et au 10/20 en groupe E= très faible ? Un Chef d' Etablissement qui perçoit bien ses enseignants et connaît bien l'échelle des groupes peut s'y retrouver, surtout si l'on & pris soin d'indiquer sur le bulletin à quel groupe appartient l'élève, et si l'on n'a pas multiplié les notes (une note d'Ecrit+une note d'Oral me semblent suffire, quitte à faire hurler les fanatiques des compétences spécifiques) car il faut que les Administrateurs et les parents s'y retrouvent, et les Collègues aussi, particulièrement le Prof. Principal. Et pour ne pas brouiller les cartes mieux vaut se mettre collectivement d'accord sur une échelle de notes variable suivant les niveaux : un 5/20 dans un groupe dit "fort" n'a pas de sens (l'élève doit quitter le groupe…)et un 18/20 dans un groupe dit "faible" itou, ou alors c'est de la démagogie.

Pour conclure (Ouf!) je viens de retrouver le topo. de Monsieur MONNANTEUIL : il prône pour sa part les "groupes de compétences" .....

Cordialement à tous. Ai-je fait avancer le chmilblik?

Daniel


Bonjour,

Il y a une quinzaine d'années j'ai expérimenté les groupes de niveau dans un lycée technologique de la région parisienne. Nous y avions été obligés par le direction qui souhaitait diminuer le nombre de groupes de langues pour faire des économies: le choix était: vous aurez une classe plus un morceau de classe tout venant, ou vous faites des groupes de niveau. Nous avons choisi la deuxième solution. Nous avons raffiné en constituant des groupes de "bons" beaucoup plus nombreux que les faibles , nous avons essayé de choisir des manuels motivants et adaptés au niveau de chaque groupe et nous avions l'intention de rendre les élèves mobiles grâce au système de barrettes.

Les bons sont restés très bons, ont même assez bien progressé. Les moyens ne s'en sont pas trop mal tirés, les plus faibles ont régressé et sont devenus odieux. Ils ne se supportaient pas mutuellement et se sentaient humiliés d'être relégués avec les ceux qu'ils considéraient comme des nuls. On n' aide pas les élèves qui ont des difficultés en les mettant avec d'autres qui ont des difficultés.

Les difficultés en langues relèvent de facteurs beaucoup plus complexes que le simple empilement de connaissances.

Il me semble que les plus faibles vivent moins mal leur scolarité en langues quand ils sont dans un groupe qui fonctionne. Ils peuvent être tirés par le groupe. Ces élèves, je parle pour les lycées, ce qui est un peu différent des collèges, ont rarement le projet de s'améliorer en langues, beaucoup, excusez l'expression, trimballent des casseroles pas possibles depuis trop longtemps. Les regrouper peut permettre aux autres quelquefois de travailler mieux, mais malheur à ces élèves faibles mis au rencart et malheur aux collègues pleins de bonne volonté qui se seront chargés du groupe.

Claire


L'organisation de l'enseignement des LV par groupes de niveau semble avancer à grands pas, tout droit sortie des orientations de Lisbonne. Il me semble qu'elle présente plusieurs dangers (outre l'énorme surcharge de travail pour les profs)Cela revient à considérer l'apprentissage des LV comme l'empilement de compétences. Cela casse la notion de groupe (groupe classe ou pas) où peuvent se créer une dynamique et une ambiance favorables à l'audace et aux prises de parole

Pour ce qui est du "groupe" le principe existe déjà pour les LV2 et aussi les langues anciennes avec des regroupements inter-classes (mais il est vrai horizontaux) Pour des groupes extra-scolaires (par exemple dans le cadre des GRETA pour une préparation au DCL) le mixage d'age et de sociologie existe (dans mon groupe cette année : de 22 ans à près de 60, du chômeur à l'ingénieur chimiste) sans que cela pose de problème. A partir de quelle tranche d'age (en descendant de 20 vers 12 ans ) pourrait-t-on mettre la barre établissant une mixité nocive ? basée sur quoi ?

Des établissements ont eu aussi l'occasion de tester des "entr'aides" entre élèves de Collège (3emes jouant le rôle de "poisson pilote" pour des 6emes) avec un certain succès. Bref, établir des passerelles verticales est-il a priori nocif en soi, ou (ce qui se comprend) inquiétant par sa nouveauté et la remise en question de sa pratique qu'il impose ? Il ne faut certes pas oublier l'important investissement que cela représenterait et soupeser soigneusement avant de s'y investir si "le jeu en vaut la chandelle" en terme de meilleure réussite des élèves.

Dans les établissements où les élèves ont particulièrement besoin de repères, ce jeu de chaises musicales ne les aidera pas beaucoup. On favorise la ségrégation et la relégation.

Je ne suis pas bien au courant, mais le groupe reste-t-il constitue pour une certaine période (semestre -année) ? un flux permanent d'un groupe de niveau a l'autre risque effectivement d'être déstabilisant aussi bien pour l'individu que pour le groupe. Une stratégie différente peut sans doute être nécessaire pour les groupes de 6eme ?

Et cela peut créer des mélanges détonants comme c'est le cas au collège en question, faisant fi de tooute psychologie. On atteint des sommets!

Comme toute modification, elle nécessite une préparation et un consensus. Une décision purement administrative ... n'a guère de chance d'être acceptée positivement.

Question subsidiaire: comment la principale détectera -t-elle les futurs bons élèves en anglais? Et si elle le fait, bonjour les autres groupes!

Bonne question, mais il y a des dossiers de primaire et sur certains profils d'élèves on peut faire des pronostics (je ne dis pas que cela soit légitime ... mais ... faisable) Un premier avis de professeur d'école pratiquant l'initiation a la LV peut être aussi un éclairage.

Peut-être faut-il en appeler aux parents qui seront sans doute ravis d'apprendre que leurs petits 6ème seront mélangés avec 5 ados ou pré ados en début de crise.

Ce n'est pas forcement un argument pertinent. Il faudra certes une période pour que les 2 générations s'acceptent (on se rend compte a quel point il y a eu évolution "pilotée" par notre société pour qu'on en arrive a utiliser ce terme pour des enfants séparés par deux ans d'age !!!!) mais cela pourrait être source d'une certaine dynamique ?

A+

J-Marc


24 juin 2005

"Le cousin de province" - JMB - a effectué une analyse soigneuse ce message de CS qui avait motivé ma longue, trop longue "dissertation" parce que son contenu heurtait de front ce que j'ai vécu, dans une situation où personne, parmi les enseignants d'anglais ou parmi les divers proviseurs qui se sont succédés, n'a jamais contesté le bien-fondé de notre pratique - pratique justifiée par le très large éventail de compétences à chacun des paliers de la scolarité secondaire, avec des entrées et des sorties fréquentes dues à la mobilité de la population scolarisée. Ayant spontanément "vidé mon sac" je reprends ici certains points évoqués par JMB et CS.

CS : " l'énorme surcharge de travail pour les profs ".
Fait indiscutable.
CS ; " Cela revient à considérer l'apprentissage des LV comme l'empilement de compétences ".
Je ne comprends pas le sens de cette remarque. Quel que soit le contenu d'un enseignement de langue il y a acquisition ET structuration de "skills", de savoir-faire et de savoirs. La progression par groupes de "niveau", de "compétences" ou d'"objectifs"... ne modifie en rien ce cheminement. Il ne s'agit rien d'autre que d'un regroupement d'élèves supposés avancer à un même rythme, afin de ne pas rompre celui-ci...
CS : " Cela casse la notion de groupe (groupe classe ou pas) où peuvent se créer une dynamique et une ambiance favorables à l'audace et aux prises de parole " .
J'ai expliqué par ailleurs que le regroupement d'élèves correspondant à la définition ci-dessus doit rester stable aussi longtemps que possible (j'ai toujours insisté pour conserver "mes" Sixièmes en Cinquième, et "mes" Premières en Terminales, et, ce qui est révélateur, ces derniers n'ont jamais "rué dans les brancards"), ce qui n'empêche pas de re-considérer "aux marges" le placement de tel ou tel. Mais le "noyau dur" qui est bien positionné poursuit son cheminement sans à-coups. J'ai déjà exprimé mon hostilité au remaniement perpétuel qui, lui, rompt la dynamique du groupe. C'est d'ailleurs pour cela que je reste très souple quant au sens à donner à : "compétences". Quant à la "prise de parole", moi, je ne suis guère capable de la gérer au bénéfice de TOUS dans des groupes où la disparité des "niveaux" est trop importante...
JMB : " A partir de quelle tranche d'âge (en descendant de 20 vers 12 ans ) pourrait-t-on mettre la barre établissant une mixité nocive ? basée sur quoi? "
. Mon expérience actuelle d'"apprenant" au Centre Cervantes me place face à face avec des étudiants de 19-20 ans qui ont besoin de l' espagnol pour leurs études supérieures, de personnes adultes, jeunes et moins jeunes, hommes et femmes, et d'un vieux pédiatre - ex-chef de service - de .....82 ans. Cela ne pose aucun problème parce que nous sommes adultes et responsables et payons (généralement) de nos propres deniers cette formation, parce que notre niveau est assez semblable, et parce que les enseignants sont de vrais "formateurs d'adultes", profs. hispanophones qualifiés et compétents, rémunérés par le Gouvernement Espagnol. Lorsque j'étais minuscule élève à l'école primaire de mon village des Vosges il y avait plusieurs niveau niveaux d'âges différents qui cohabitaient dans la même salle, et l'Institutrice faisait (fort bien) avec. (Je ne me ferai pas l'apôtre d'un tel regroupement, mais c'est un fait!)
JMB : " Il ne faut certes pas oublier l'important investissement que cela représenterait et soupeser soigneusement avant de s'y investir si "le jeu en vaut la chandelle" en terme de meilleure réussite des élèves.".
En effet, faut-il jeter le bébé avec l'eau du bain et généraliser ce qui est susceptible de fonctionner dans certains contextes avec l'accord actif des enseignants et des Administrateurs, compte tenu des contraintes et de l' investissement que l'enseignement par groupes de "niveau" implique....
CS : " Dans les établissements où les élèves ont particulièrement besoin de repères, ce jeu de chaises musicales ne les aidera pas beaucoup. On favorise la ségrégation et la relégation. "
Il n'est absolument pas question de "chaises musicales". Il est essentiel de constituer des regroupements qui fonctionnent dans la durée sous la houlette d'un enseignant qui assure un suivi. Tout le reste n'est que rêverie de pédagogue de salon ( J'ai eu un Proviseur qui rêvait de plusieurs salles multimédias ouvertes toute la journée, avec la présence de "personnes ressources" - nous ! - qui guideraient les "apprenants" (spontanément motivés) qui y viendraient à leur guise, avec un emploi du temps modulable à chaque trimestre. Foutaise ! Je lui ai rétorqué que les profs. d'anglais ne travaillaient pas pour un MAC DONALD'S linguistique. En fait, il cherchait à résoudre un problème d'attribution et de disponibilité de salles de classes).
CS : "On favorise la ségrégation et la relégation". Personnellement je pense que les groupes dits "de niveaux" peuvent être un outil de promotion.
En poussant chacun à son maximum dans les groupes qui tiennent la route, en allant au-delà du minimum requis dans les groupes qui dominent, en apportant un soutien dans les groupes que pudiquement je nommerai "lents". Ceci dit, c'est un vrai problème. On peut être "lent" en Sixième, mais quand cela dure jusqu'à la Troisième ce n'est plus de lenteur qu'il s'agit... Je ne suis pas doué pour le maternage ou le repêchage systématique, c'est un défaut. Je crois avoir agi avec une efficacité relative en acceptant la responsabilité de groupes "faibles" en Quatrième et en Seconde. En Quatrième parce qu'il s'agit de remettre en place ce qui ne l'a pas bien été durant les deux premières années. Il s'agit d'un "crash course" où l'on stabilise les acquis (?) des deux premières années et où l'on introduit peu à peu ceux de la troisième année. Deux années de ce régime peuvent sauver un gamin... En Seconde, même topo. Les élèves viennent de partout, y compris de l' Etablissement lui-même, et ceux qui ne tiennent pas la route ont besoin d'être repris en mains. C'est un peu la même chose que dans le cas précédent, généralement avec statistiquement plus de chances de succès. J'ai connu des collègues d'une efficacité redoutable avec ce type de regroupements. Je n'ai pas de solution miracle. En avez-vous pour les cinq derniers dans une classe de 30 ? Par contre nous avons toujours réduit au minimum administrativement acceptable le nombre d'élèves de ces groupes en difficulté, quitte à surcharger les groupes plus "rapides".
JMB : " Comme toute modification, elle nécessite une préparation et un consensus. Une décision purement administrative ... n'a guère de chance d'être acceptée positivement."
Cent pour cent d'accord. La gestion d'un pool d'élèves par groupes de "niveaux" exige des enseignants collaboration et communication. Le prof. n'est plus seul dans sa "classe", il fait partie d'un ensemble qui n'est pas statique, car il y a des "mouvances", même s'il convient de les contrôler, voire de les limiter. Ceci requiert de la part de l'Administration confiance en ses enseignants (cf. coordination) et souplesse dans sa gestion (cf. transfert de décisions "techniques" et "pratiques" au groupe de profs.) JMB : " il y a des dossiers de primaire et sur certains profils d'élèves on peut faire des pronostics (je ne dis pas que cela soit légitime ... mais ... faisable) " Remarque fort pertinente. S'il a été décidé de constituer des groupes - qu'à ce niveau j'appellerai "de progression" - il faut bien rassembler les élèves à partir des critères dont on dispose. Ce n'est qu'en fin de Sixième que l'on y voit plus clair "in situ". Mais même à ce stade je serais prudent quant aux bouleversements. J'insiste sur le concept de "noyau dur" d'un groupe, avec des paliers : Sixième-Cinquième / Quatrième-Troisième/ Seconde-Première. Ce qui n'exclut pas les re-positionnements correctifs.
CS : " Peut-être faut-il en appeler aux parents qui seront sans doute ravis d'apprendre que leurs petits 6ème seront mélangés avec 5 ados ou pré ados en début de crise "
Il ne faut tout de même pas dramatiser : les regroupements se font généralement à partir d'un pool d'élèves ayant approximativement le même âge. Et même s'il fallait mélanger des "LV2" (4° débutants) avec des "LV3" (Secondes débutants) ou des 6° "LV1" avec des 4° "LV2", à condition d'avoir de petits effectifs - 20 élèves? -, c'est tout de même plus acceptable et gérable que de supprimer froidement un poste...... J'arrête là mes divagations; Elles n'ont que trop duré.

Daniel


29 juin 2005

Juste une petite remarque concernant un point que je recopie ci dessous:

"crédibilité sur les bulletins scolaires et les appréciations de fin d'année, et plus spécifiquement celles qui sont destinées aux Candidats aux Classes Préparatoires et autres Etablissements Sélectifs. Dans ces deux derniers cas les choses sont relativement simples car il y a des statistiques, des moyennes, et l'on peut préciser: "Elève convenable dans un groupe d'excellent niveau" pour justifier le 11/20. »

Mon expérience de parent me fait dire que - en tout cas pour l'école d'ingénieurs à laquelle mon fils avait postulé- seule la note est prise en compte, ce qui fait que mon fils qui était en terminale S spécialité maths d'un excellent niveau et avait des moyennes plus qu'honorables dans ce groupe classe (15 de moyenne générale) n'a cependant pas été retenu à la première sélection parce qu'il était en concurrence avec des élèves qui était dans des classes d'un niveau global moindre et du coup avait, pour un niveau équivalent (ils étaient ensemble en 1ère), des moyennes bien plus élevées (17 de moy générale)

Finalement il a été pris en deuxième vague après entretien, et cette année il a eu des résultats au moins aussi bons que ceux des camarades "sélectionnés" en première vague, ce qui semble prouver que son niveau était resté équivalent.

Donc je me méfie des commentaires du type "Elève convenable dans un groupe d'excellent niveau" accompagné d'un 11/20 car certaines écoles ne demandent pas les commentaires mais les notes seulement, et l'élève sera pénalisé si l'établissement ne "lisse" pas les notes des élèves, candidats aux écoles d'ingénieurs" avec prépa intégrée par exemple...

Voilà ma réaction sur ce point.

Quant au débat sur les groupes de niveau proprement dit, voici aussi mes réflexions :

En tant qu'enseignante en collège, j'ai vécu les groupes de niveau en langue, et j'en étais tout à fait satisfaite (avec passages d'un groupe à l'autre en cas de besoin) sauf :

- en ce qui concerne les bilans sur le bulletin (si on ne se contentait pas de résultats à des évaluations vraiment communes, et c'est difficile à mettre vraiment en place, avec barème commun appliqué de la même façon...) : les élèves du groupe "bon" se retrouvaient soit avec des notes sur bulletin "lissées" donc bien supérieures à celles qu'ils obtenaient intragroupe (incompréhension des parents et élèves même avec explication : quel intérêt de donner des notes internes au groupe qui n'apparaissent pas sur le bulletin?), soit avec des notes égales ou inférieures à celles des élèves du groupe "faible" (qu'il faut encourager par des évaluations à leur portée).

Mon idée : supprimer les notes internes au groupe pour les remplacer par le système des acquis/ en cours d'acquisition/ non acquis

- sur les dossiers d'orientation ou de brevet des collèges, où les bons élèves étaient "défavorisés" par rapport aux élèves originellement faibles" surnotés.

- en ce qui concerne la circulation des élèves, car pour équilibrer les groupes on renonçait parfois à faire glisser un élève parce qu'il n'y en avait pas un autre à faire glisser dans l'autre sens, ou on renonçait pour des raisons psychologiques (du "haut" vers le "bas" surtout). On avait fini par adopter le principe que les glissements ne se faisait qu'après débat avec élèves et familles et avec leur accord. Tout cela figeait un peu les groupes décidés au départ sur une année.

- en fin d'année pour reformer les groupes de l'année suivante, il fallait une concertation approfondie pour éviter les erreurs, et là on rebrassait les groupes "moyens" si les ambiances de groupes nous paraissaient malsaines, avec information et autant que possible accord des élèves.

Françoise