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Les échanges scolaires
Tout commença le 3 octobre 2000 par un message de Dominique Simonet :
J'ai trouvé ce texte sur la liste de l'Académie Nancy Metz.
Claudine Roger, Inspectrice d'Académie, (Républicain
Lorrain du 29/10/00) :
"J'ai sursauté quand j'ai appris que dans un établissement
on demandait 7500 F pour aller perfectionner son anglais... aux États Unis. On
va aux Pays-Bas où l'anglais est autant pratiqué, pour beaucoup moins cher, et
sans contraindre aucun enfant à renoncer pour une question d'argent."
Parmi les réactions sur la liste Nancy-Metz, en voici une :
"Ces voyages onéreux sont aussi dans le collimateur de l'Inspection Générale.
Je crois qu'il va falloir nous attendre à être de plus en plus incités à
échanger avec Bataves & Scandinaves, mais je dois avouer que cela ne me choque
pas
tout à fait. S'il s'agit de mettre nos élèves en situation de communication et
de 'faire fonctionner' leur anglais, ces conditions sont très proches de la
réalité d'un monde globalisé. L'anglais a échappé aux seuls anglophones, c'est
une vérité incontournable. [Des réactions de plusieurs collègues font également
état de la qualité de l'accueil dans des pays scandinaves, qui est, il faut bien
le reconnaître, très supérieure à ce que l'on trouve en Angleterre ces derniers
temps...]
S'il s'agit de leur faire 'perfectionner' leur anglais, ça ne marche plus très
bien : ils ne disposent plus de modèles authentiques (quoique les accents
régionaux ou sociaux fassent également écran en GB [je veux dire que ces
accents - modèles d'authenticité et infiniment respectables - créent souvent des
difficultés de compréhension pour nos élèves si le séjour est court] , et que
rares sont les élèves qui s'approprient un anglais américain en 3 semaines). Et
s'il s'agit de les mettre en contact avec la civilisation anglo-saxonne, ça ne
marche évidemment plus du tout... C'est vraiment là que le bât blesse.
Des réactions ?
Dominique Simonet
Email : simonetd@club-internet.fr
5 octobre, de Jacques DUPRAZ
Bonjour,
Je trouve le message de D. Simonnet concernant les voyages très ...
intéressant.
Intéressant qu'une inspectrice soutienne uniquement une langue de
communication, avec tout le charabia que cela peut laisser prévoir , une
langue détachée de son aspect culturel et historique (mais il est vrai
que l'article est daté du 29/10/2000, ce qui montre bien l'avance
d'information que certains possèdent sur nous! ;-) )
Intéressant parce qu'il pose le pb des voyages et de leur utilité.
Victimes des pubs qui nous vantent des moyens d'apprendre (ou presque)
l'anglais en 15 jours par un séjour linguistique hors de prix, victimes
des rumeurs suivant lesquelles on n'apprend pas une langue à l'école
mais dans le pays (ou sur CD Rom, dis(ai)ent certains ministres), on a
un peu tendance à présenter nos échanges (ou voyages) comme
linguistiques. Puisque personne ne lit ces lignes ;-) je me permets, en
tant que prof organisateur d'échanges à l'étranger, d'avouer que je n'ai
jamais cru que 3 semaines aux USA ou en GB allaient apprendre l'anglais
à des élèves. Je pense cependant que ces 3 semaines peuvent (MAY) faire
des miracles.
Les élèves que nous avons emmenés il y trois ans en parlent encore, ceux
que nous rencontrons en ville nous parlent toujours de l'échange qu'ils
ont fait en 1992... Il est évident que ces élèves ne vont plus en cours
d'anglais de la même façon, qu'ils ne regardent plus un journal en
anglais dans un kiosque de la même façon (ou plutôt qu'ils regardent un
journal en anglais dans un kiosque!). Certains, moins nombreux, écrivent
encore. D'autres, encore moins nombreux il est vrai, y sont retournés ou
ont accueilli leurs corres ou des copains rencontrés la-bas.
Il est vrai que cela pourrait en partie s'appliquer à un échange avec un
lycée scandinave, ou de tout pays avec une langue peu répandue.
Seulement,
- Il ne me semble pas être prof de communication (même si c'est notre base)
- Je ne crois pas qu'un élève bénéficierait d'une manière quelconque des 'suites' d'un tel échange. Se revoir, s'écrire avec un ami "nordiste" peut approfondir des liens d'amitiés, mais n'apporte rien de nouveau sur le plan linguistique, la communication ayant déjà été établie.
- Est-ce qu'on peut vraiment être fier, content, si un de nos élèves arrive à s'affirmer en disant qqchose du genre " I want not go because it rain" qui sera très bien compris d'un Danois, Allemand, Italien, Egyptien...
- Un échange dans le pays dont on parle la langue peut également être vu comme un but, pas forcément comme un point de départ ni comme une potion magique.
Voilà pourquoi je continuerai à faire (ou en tout cas à soutenir) des
échanges avec des pays anglophones.
7 octobre, de Erick SANTONI
A propos des échanges, le débat pays anglophone ou non anglophone me
paraît être un débat d'arrière garde.
A l'heure de l'Internet, peut-on assimiler l'Anglais à la seule langue
maternelle de quelques pays du globe. Nous enseignons l'Anglais non pas
parce que c'est la langue d'un empire puissant déchu ou celle de la première
puissance économique mondiale mais parce que c'est la langue étrangère la
plus parlée au monde.
Associer l'Anglais à la seule Angleterre est non seulement réducteur
mais contre-productif. Nous nous devons évidemment d'enseigner la
civilisation des pays anglophones et tout faire pour que nos élèves
dépassent les clichés et les idées reçues. Ceci doit se faire dans un esprit
d'ouverture et non pas dans un conservatisme figé.
C'est dans cet esprit d'ouverture que notre collège (Bernard de
Ventadour 07 Privas) pratique un échange avec la Suède depuis 14 ans. Le
bénéfice linguistique est évident, d'autant plus que l'Anglais pratiqué en
Scandinavie est de très bonne qualité. Si le but est de donner à nos élèves
le goût de découvrir l'autre, l'étranger (celui qui ne parle pas comme
nous...) d'autres cultures, d'autres manières de penser alors le but est
atteint. Si au contraire notre seul but est la promotion d'une langue et de
quelques pays qui la parlent alors nous ratons la cible.
Réjouissons-nous des échanges avec la Grande-Bretagne et les Etats-Unis
qui malheureusement souffrent souvent d'un manque de motivation de ses
habitants pour les premiers et d'un coût élevé pour les seconds.
Un échange réussi est un échange qui a donné le goût de la découverte
linguistique, humaine, géographique, culturelle... à nos élèves. Qu'ils
deviennent des adultes curieux d'autrui et du monde qui nous entoure.
N'en déplaise à certains, manger du hareng cru au bord de la Baltique en
compagnie de Suédois, ravis de faire découvrir leur pays "en Anglais", peut
être bien plus enrichissant et fécond que de partager une pizza à 3 français
par famille d'accueil rémunérée, dans une lointaine banlieue
londonienne.
Enfin combien de familles peuvent offrir à leurs enfants des voyages aux
USA à plus de 3000/4000F?
Pour conclure et répondre directement à notre collègue Jacques Dupraz:
si justement en France nous partions du postulat qu'une langue est avant
tout un instrument de communication , peut-être fabriquerions-nous moins de
lycéens capables de manipuler des structures aussi peu usitées dans une
conversation que "No sooner had .....than..." et qui mourraient de faim au
bout de 3 jours dans un pays anglophone faute de savoir demander un morceau
de pain!
Une petite citation pour terminer :-): "Je parle l'Espéranto comme un type
du pays." Spike Mulligan.
Cordialement,
Erick Santoni
8 octobre, de Ghyslaine Grohmann
>
Au vu des remarques des deux professeurs sur le message des voyages, je mets en ligne ma réponse enthousiaste que je n'avais envoyée qu'à l'émetteur (émetteur =
personne qui envoie un message sur la liste !) :
"Enfin un mail très intéressant, qui m'ouvre de nouveaux horizons et justifie cette liste.
Jamais je n'aurais pensé à un voyage autre qu'en pays anglo-saxon.
Je ne pense pas que le problème d'accent soi-disant authentique (à mon avis très français !) de la Grande-Bretagne puisse manquer, seul éventuellement manquerait la
"culture" anglaise. Mais vu l'évolution de l'accueil des anglais que j'ai cruellement ressentie il y a 2 ans (en Juillet pour un stage offert par l'EN à Reading), je ne crois pas
que cela soit un grand handicap.
Les avantages du voyage hors pays anglo-saxon pour moi : une ouverture d'esprit, une obligation de communiquer en anglais et une timidité moindre, une émulation (les
scandinaves parlent mieux l'anglais (?)), et certainement des discussions intéressantes entre professeurs et élèves (et professeurs-professeurs-professeurs (le 3ème n'est
pas une erreur !!).
Quant à la culture rien n'empêche les professeurs "accompagnant" de "travailler" sur les différences des 3 cultures : anglaise, scandinave, française avec leurs élèves et
les correspondants ...
Voilà, je suis très enthousiaste "pour" dans 3 ans. A mon grand regret et après moult investissement en lycée, j'ai été mutée en poste fixe en collège.
PS envoyé 10 secondes plus tard !
"Autre avantage : cela montrerait à certains de nos élèves réfractaires (eh
Madame à quoi ça sert d'apprendre l'anglais ?) à quoi cela sert justement
d'apprendre l'anglais.
Bon on pourrait proposer à nos collègues de faire une liste complète des
avantages. (Seulement des avantages ! on laisse tomber les inconvénients !)
Ghyslaine Grohmann
Collège Les Servizières - Meyzieu.
Même jour de Dominique LE RAY
Afin d'élargir un peu le débat sur les voyages scolaires, il me semble que
la question sous-jacente, et qui transparaissait déjà dans le débat récent
sur l'évaluation de l'oral au Bac, est de savoir quelle importance on
accorde à la "communication" dans notre enseignement. Aussi je vous soumets
quelques pistes de réflexion :
Notre enseignement doit-il resté exclusivement écrit : on apprend à nos
élèves à faire de jolies phrases inutiles avec no sooner, comme le dit Erick
Santoni, ou de magnifiques mais tout aussi vains commentaires de textes.
D'un autre côté : "Tarzan hungry Tarzan eat banana" et le message est passé!
Qu'appelle-t-on "communication" ? Peut-on encore parler de "communication"
quand la langue est à ce point approximative, ou à ce point pédante ?
Existe-t-il un juste milieu entre un enseignement basé sur notre amour bien
français de l'intellectualisme forcené et un enseignement dont le seul but
serait de rendre nos élèves capables de commander une bière dans un pub ?
Doit-on prendre part à l'appauvrissement de l'anglais, langue
internationale, moyen de communication au service du plus grand nombre au
détriment de sa richesse ? Doit-on pour autant être les gardiens d'un
académisme dont la quasi-totalité des anglophones eux-même se contrefichent?
L'anglais que beaucoup d'entre nous aiment enseigner n'est-il que notre
petit joujou intellectuel, notre amour de la grammaire bien plus français
qu'anglais ? L'anglais "réel" n'est-il pas autre chose, une langue de
communication, justement (voir l'enseignement de l'anglais en Grande
Bretagne)?
Et puis quel anglais apprenons-nous à nos élèves? Combien de gens dans le
monde parlent le "Queen's English" ? Nos élèves ne risquent-ils pas plutôt
d'être confrontés à l'accent de Glasgow, de la Jamaïque, du Queensland, des
émigrés Pakistanais de Bradford ... ou des Suédois ?
L'apprentissage d'une langue est-il indissociable de sa dimension culturelle
? Ou au contraire doit-on partir du principe que nos élèves se serviront de
l'anglais à Moscou ou à Prague autant qu'à Londres ou à Sidney, ou plus
sûrement encore chez eux ou sur leur lieu de travail, en France? Que
savons-nous des besoins futurs et de l'usage que nos élèves feront de la
langue que nous leur enseignons? Devront-ils "communiquer", comment, avec
qui, et dans quel but ?
Ne sommes-nous rien d'autre que des profs de commentaires de texte et de
grammaire enfermés dans notre tour d'ivoire d'intellectuels?
Doit-on pour autant céder au pragmatisme ambiant qui veut que seul ce qui
rapporte n'a d'intérêt ?
J'espère que ces petites questions sont suffisamment provocatrices pour
déclencher vos réactions...
Bien à vous,
Dominique LE RAY
Collège T. Rosset
01460 MONTREAL LA CLUSE
dominique.le-ray@ac-lyon.fr mailto:dominique.le-ray@ac-lyon.fr
10 octobre de Colette Jamet
Bonsoir,
Un petit mot, mon grain de sel dans la discussion sur les voyages et
l'anglais de communication.
Je ne sais pas si les voyages apportent des éléments de civilisation aux
élèves, car je ne suis pas sûre de savoir ce qu'est la "civilisation". Si
c'est le dépaysement du regard - tiens, pas de volets aux maisons, des
maisons en bande, des boîtes aux lettres rouges, oui, le voyage peut
montrer qu'en surface, des éléments de la vie quotidienne sont différents,
et tout regard ouvert sur des éléments nouveaux est de toute façon positif.
Mais est-ce cela la "civilisation"? Je ne suis pas sûre non plus que dans
le cadre d'un échange unique, les contacts verbaux, avec les freins d'une
expression peu riche des deux côtés, puissent amener à une meilleure
compréhension de la "civilisation" de l'autre. Et d'ailleurs, de quel
"autre"? Je me rappelle un échange Gérardmer Shrewsbury où une élève avait
été reçue par la famille aristocratique du coin, château, piscine, cheval,
chambre avec télé qui permettait de la laisser manger là-haut seule! etc.
... A-t-elle, ma petite vosgienne, vu la même Angleterre que sa copine qui
était logée chez l'épicier? Donc je doute ..., même après avoir organisé
pas mal de voyages et / ou échanges, dont certains faisaient suite à un
travail interdisciplinaire sur l'année.
Ou alors disons clairement que c'est pour le plaisir, et là le rendement
devrait être le même me semble-t-il, que ce soit un pays anglo-saxon ou un
pays scandinave. (Côté prof, le mot "plaisir" fait bizarre il est vrai,
avec tout le travail en amont et - pour moi en tous cas - les vraies et
grandes angoisses d'avant et de pendant!) Mais il est certain que le
plaisir peut être un puissant déclencheur pédagogique, il vaut mieux alors
que le voyage ait lieu en début d'année pour qu'on en ait les retombées
positives ensuite; le plaisir c'est pour nous de voir les jeunes sous un
autre angle, le plaisir c'est pour eux ce dépaysement du regard, le plaisir
que la classe ait pu partager une expérience commune - mais alors TOUTE la
classe. Objectif pas toujours ni réalisé ni réalisable, et qui m'a toujours
laissé un très très grand sentiment de malaise pour les fois où tous ne
sont pas partis. Sentiment politique d'une injustice par cette sélection
par l'argent.
Par ailleurs, si la "civilisation" c'est la manière qu'une société a de
s'adapter au monde, par exemple "l'humour anglais", alors on peut aussi
faire "de la civilisation" par nos chers textes, littéraires, journaux,
chansons, plus films, télé etc... (et ne pas - plus - avoir trop de remords
d'avoir renoncé aux voyages.)
J'ajoute que je suis agacée de voir que de plus en plus me semble-t-il,
organiser un voyage est considéré comme un dû, comme un devoir de notre
part, et ce aussi bien côté élèves que parents, et administration.
Pour le type d'anglais qu'on enseigne, j'ai trouvé les questions vraiment
intéressantes et la réponse est difficile. Les structures compliquées,
elles existent, elles servent, et depuis que je suis obligée de lire la
presse à très haute dose hebdomadaire pour les besoins de mes classes qui
passent des épreuves sur des articles de journaux, j'ai réalisé qu'elles
sont utilisées couramment à l'écrit. (je les relève, donc je commence à en
avoir un bon stock, des "who knows but that, nothing short of, half as high
again etc ... avisse aux amateurs) Alors, il me semble qu'elles peuvent
être enseignées d'abord au moins "en reconnaissance". Et par ailleurs, je
crois foncièrement qu'il faut de temps en temps une sorte de défi
intellectuel pour les jeunes, en particulier pour les élèves qui se jugent
d'emblée "nul(le)s", vous connaissez le "c'est pas la peine d'essayer,
Madame, on est de toute façon une classe poubelle". Justement, si, on
essaye et le jeu des constructions de phrases complexes peut être pris
comme cela, tout en leur précisant qu' une construction réussie à deux ou
trois tiroirs ne se trouvera sans doute pas - certainement pas - dans la
conversation de tous les jours. Je prends exemple là sur un collègue de
français qui dit commencer par Andromaque avec les classes faibles,
justement pour leur montrer qu'ils peuvent être capables de surmonter des
difficultés. Et on peut toujours espérer, qu'en demandant le plus, il
restera un petit quelque chose.
Et enfin, pour arriver à une langue de communication qui ne soit pas
appauvrie, j'ai trouvé récemment énormément de "food for thought" dans la
"lexical approach" de Michael Lewis. Il avait dû venir présenter sa méthode
il y a quelques années dans l'académie puisque j'en ai entendu parler par
une collègue qui avait acheté son livre à cette occasion. En très gros,
c'est une réhabilitation de l'apprentissage à haute dose du vocabulaire,
sous forme des "collocations" = common combinations of words, ce qu'on
fait bien sûr déjà, mais selon lui, systématisé, avec des exercises de
reconnaissance, de production ... ce qui donne? donnerait? donnera? un
anglais plus idiomatique et naturel, et nécessairement riche car ce qu'il
appelle "te grammar of words" entraîne aussi l'apprentissage de
structures plus complexes. Quelqu'un s'est-il lancé dans cette approche, en
a-t-il / elle vu les bénéfices, ou inconvénients? (j'ai des questions et de
sérieux doutes sur certains points, je ne suis pas "pratiquante" pour le
moment, juste très très très intéressée, je fais des essais à petites
doses) En tous cas, c'est sans doute en train d'arriver sur le terrain
pédagogique: une des épreuves d'IEP Paris cette année était intitulée
"collocations" et consistait en un choix de trois éléments dans des
combinaisons variées (adj + nom, verbe + nom, nom + nom).
Sur ce, bon courage à tous et toutes
Le même jour de C. Stancic
Le débat porte effectivement sur le fond et je voudrais dire pourquoi je
partage l'avis de J. Dupraz
- L'anglais et l'espagnol sont des langues universelles (l'anglais beaucoup plus bien sûr). c'est entnedu. Pour autant devons-nous encourager l'uniformisation ey donc la disparition des autres langues, donc des autres cultures? Si des échanges avec des pays nordiques sont fructueux, il n'y a aucune raison de ne pas les poursuivre, mais attention aux dérives possibles. Après tout, pourquoi ne pas aller parler anglais à Pékin, Berlin ou Prague?
- Je pense qu'il faudrait que l'anglais soit obligatoire dès le primaire, à condition de bien mettre au point les conditions de son enseignement et pas "à la petite semaine" comme cela a trop été le cas, ceci afin de laisser un vrai choix aux élèves en sixième (début de l'étude d'une autre langue). Cela permettrait peut-être de sauver l'allemand, l'italine, le portugais, le russe, le chinois, le japonais, l'arabe, langues (et cultures)non négligeables. J'avoue ne pas aimer les connotations du terme "pollués" mais je suis d'accord pour dire que pour l'instant l'enseignement en primaire est trop peu solide et trop variable.
- Il faut souhaiter à nos élèves de poursuivre des études supérieures, et là, la syntaxe se complique singulièrement Sans aller chercher plus loin que dans nos lycées, les BTS industriels (bacheliers STI) sont tous les jours confrontés à whilst, hante, thus, inversions diverses etc.. Il en va de même en tertiaire. L'anglais de spécialité est une langue syntaxiquement difficile, et elle n'est pas le fruit de l'esprit tordu de professeurs français. C'est bien celle de techniciens, ingénieurs, commerciaux anglophones (Should you need any further information ...) Si les bacheliers n'ont pas des bases solides, ils seront gênés parla suite et le bac n'est pas une fin en soi
- Si des jeunes français meurent de faim en GB ce sera peut-être à cause de leurs salaires, mais pas de leurs compétences. il suffit de les voir et entendre se débrouiller à Londres ou dans des contrées plus reculées où je vais souvent pour se rendre compte de leurs performances remarquables. De plus, de nos jours, ils ne risquent malheureusement pas de chercher un bout de pain, mais un McDO qu'ils trouveront sans peine et sans beaucoup d'anglais.
- Pourquoi et au nom de quoi priverions nous nos élèves d'un grand plaisir: celui de la lecture de "beaux" textes, plaisir qui est le nôtre mais qui ne doit pas nous être réservé. Nos élèves sont prêts à s'investir dans la lecture de textes littéraires et là, il y a bien quelques no sooner ou autres "traquenards". Il ne s'agit pas de faire une fixation sur des structures abracadabrantesques comme dirait Rimbaud, mais de donner à nos élèves des outils pour leur permettre non seulement de communiquer avec leurs pairs, mais aussi de lire et, éventuellement d'écrire, tout type de texte.
C. Stancic